Jembés, dununs, montage
Sans pub
Calebasse coupée Goni d'enfant
Goni trad Quatre Gonis
Pose de cous Dépose de la peau
Fixations arrières Vue plongeante
Douze cordes Manche douze cordes
Découpe calebasse N'goni bambou'

Construction d'un n'goni

Sur le net, de nombreuses pages décrivent la construction d'un n'goni et des magasins spécialisés en proposent de très belle facture. L'auteur en a lui-même construit à 8 ou 12 cordes et à mécaniques de guitare, ainsi que des koras, montage bien plus sophistiqué. Ici, on va volontairement s'engager vers une construction un peu "à l'arrache", réalisée rapidement, à très bon marché et avec les moyens du bord. Toutes les indications sont sur cette page et l'instrument a été réellement réalisé. Que les puristes et les luthiers ne s'offusquent pas, cette construction ne cherche pas le beau, le précis; ici, pas de bois rare, de mécaniques à bain d'huile, de peaux de biches (dont la chasse est interdite en Afrique). Le résultat sera pourtant un instrument qui pourra rivaliser avec les n'gonis élaborés et sera parfaitement exploitable musicalement. Sachant que traditionnellement, le n'goni n'est pas un instrument précis, ni dans la hauteur de son accord, ni dans la précision de cet accord. Au contraire, le vrai son du n'goni est obtenu à partir d'un instrument sonnant faux pour nos oreilles occidentales. Je le précise, les dimensions des différentes parties n'ont que peu d'influence sur le résultat sonore final. Il faut seulement garder les proportions de l'ensemble. Alors, assez de paroles, passons aux actes.

Le matériel.

- Une calebasse complète, non coupée en deux. Il s'agit là sans doute de la partie la plus difficile à se procurer. Les calebasses complètes ne se trouvent pas facilement en Europe. À défaut, tout récipient cylindrique ou en forme de sphère peut faire l'affaire, mais en ne choisissant pas une calebasse, il faudra accepter un son différent du n'goni original et un aspect moins traditionnel africain.
- Un manche à balais, longueur originale, de préférence en bois de bonne qualité (hêtre, frêne). Un manche en bambou serait préférable. En effet, les cordelettes des nœuds de Dozo, sous la pression de leur tension, vont avoir tendance à creuser des sillons dans un bois un peu tendre. De ce fait, il sera parfois difficile de faire bouger ces nœuds de leur position initiale. Le bambou est préférable, on en trouve dans les magasins de bricolage ou les grandes surfaces.
- Six cordes de pêche en nylon, diamètre 0.6 à 0.8 mm, longueur d'environ 2 m mais à choisir en fonction de la longueur du manche. Sachant que rien n'est formel quand au diamètre des cordes.
- Une peau de cabri ou de chèvre. Une chute de peau ayant servi à la réparation d'un jembé fera l'affaire.
- Une petite plaque de bois de 5 x 10 cm et d’épaisseur 1 cm pour le chevalet.
- Quatre tiges de bambou de diamètre 6 mm. Deux de longueur entre 30 et 40 cm (suivant le diamètre de la calebasse), et deux plus longues de 70 à 80 cm (également en fonction du diamètre de la calebasse). On en trouve partout dans les magasins de jardinage.
- Une petite tige de bois de diamètre de 5 ou 6 mm et de longueur de 10 cm pour le blocage du manche contre la calebasse. Une chute de la coupe des tiges précédentes fera l'affaire.
- Apprendre le fameux nœud de Dozo, afin de fixer les cordes sur le manche.
- Six cordelettes drisse pré-étirées, diamètre 3 mm, longueur 30 cm.
- Apprendre aussi le nœud permettant de fixer efficacement des cordes de pêche.
- Une perceuse avec quelques mèches à bois.
- Un petit couteau à dents.

Construction et montage

Commencer par couper le haut de la calebasse, comme le montre l'image ci-contre et celle du bandeau du haut de cette page. La découper au trois-quart environ, avec une petite scie, à la main, ou avec un couteau à dents. Calebasse Cette découpe doit être faite avec retenue, la calebasse est fragile dans ce genre d'opération. Il faut ensuite égaliser les bords, de façon à ce qu'ils soient plats. Les gros outils comme une lime à bois ou une ponceuse raboteuse sont à proscrire. Surtout la lime à bois qui donne des à coups sur les bords de la calebasse. Si la calebasse a été achetée fermée, il faudra nettoyer tout l'intérieur, afin d'enlever la pulpe qui recouvre les parois. Le meilleur outil pour ce faire sera une cuillère à soupe. Au final, on peut nettoyer l'intérieur avec de l'eau, mais il ne faudra en aucun cas faire sécher le tout au soleil ou près d'une source de chaleur, la calebasse pourrait se fendre. C'est maintenant qu'il faut décider quel côté de la calebasse sera l'avant, l'arrière, le côté droit ou le gauche. Les calebasses étant souvent difformes, ne pas hésiter à expérimenter tous les angles possibles avant de décider le sens du manche. En cherchant le meilleur angle, on arrive parfois à un montage symétrique alors que la calebasse était toute tordue. Présenter le manche au-dessus permet d'avoir une idée de l'aspect final. Parfois, une grosse excroissance sur un côté de la calebasse est toute désignée pour recevoir l’ouïe de sortie du son. La bosse sur la calebasse sera alors éliminée pour faire place au trou pour l'évacuation du son. Le diamètre de ce trou n'est pas à respecter à un centimètre près; il peut avoir entre dix et quinze centimètres, suivant la taille de la calebasse, sans que les dimensions ici soient formelles. Il peut être de toute forme, fantaisiste ou pas. N'oublillez pas que la calebasse est un fruit, fragile, ce n'est pas une pièce de meuble Louis XV.

Quand la découpe est plate sur le dessus de la calebasse, on peut percer les deux trous pour le manche, de chaque côté avant et arrière. La distance entre le manche et le bord de la calebasse ne doit pas être trop grande, mais suffisante pour ne pas risquer l'arrachage. Cette distance n'est pas formelle, disons que le centre du trou étant à cinq centimètres du bord, il restera environ trois centimètres et demie de sécurité. Si vous avez peur d'une rupture de la calebasse, vous pouvez renforcer cette partie avant avec une petite plaque - bois, plastique rigide. Cette plaque sera également percée pour le passage du manche mais en plus, elle sera fixée sur la calebasse par quatre vis. Cette option n'est pas obligatoire, mais elle vous permettra d'approcher le manche du bord de la calebasse. C'est ce renfort que l'on place obligatoirement sur les koras. Le second trou pour la passage du manche, à l'arrière de la calebasse, sera aussi percé à la même distance. À moins que l'on décide une légère inclinaison du manche vers le haut. Dans ce cas, il faudra percer le trou arrière légèrement plus bas. Ici encore, ne pas utiliser une perceuse, mais le faire à la main, avec un couteau à dents. Le trou sera fait du diamètre du manche, avec une marge d'un ou deux millimètre, afin de pouvoir l'enfoncer. Attention à ne pas forcer en l'enfonçant, la calebasse peut très facilement se fendre. Sur l'image, le manche est carré car il va recevoir des mécaniques de guitare. Le vôtre devra être rond, afin de s'adapter au nœud de Dozo. Manche enfoncé Avant de percer ces deux trous, il faudra de nouveau effectuer des essais de placement de l'ensemble en présentant le manche dans l'alignement de la calebasse et en choisissant le meilleur angle. Enficher le manche sur la calebasse pour apprécier l'aspect de l'ensemble, mais à ce stade, ne pas le fixer définitivement; il faut l'enlever pour placer la peau.

On peut maintenant poser la peau, après l'avoir trempée dans l'eau deux ou trois heures. Cordage On tend cette peau à l'aide d'une cordelette, enfilée dans des encoches faites sur les bords de la peau. Les images sont celles du montage d'une peau sur une kora, mais le principe est exactement le même, tendre la peau en croisant des cordelettes autour de la calebasse. Il faut la tendre le plus possible. Sous la pression des cordes, le chevalet va au cours des mois s'enfoncer dans cette peau. Le mieux est d'avoir une peau bien tendue au départ. À ce stade, on peut déjà poser des clous de tapissier sur tout le pourtour haut de la calebasse, voir sur le bas pour consolider la tenue de la peau quand elle sera sèche et qu'on ôtera les cordes de tension.Razoir Vous pouvez bien sûr donner libre cours à vos fantaisies avec des rangées de clous de tapissier, dessiner un cœur, etc. Comme le montre une image en haut de page, il faudra aussi penser à raser la peau, dès maintenant. On le fait avec une lame nue, en la tenant à la main. Un certain doigté est necéssaire avec cette méthode. Plus prudent, on peut opter pour un rasoir spécial comme sur l'image. Attention aux coupures, sur la peau et sur les mains !

Alors que la peau est tendue et encore humide, on peut placer définitivement le manche à sa place. Le laisser dépasser de 10 cm sur l'arrière et le retenir à l'avant de la calebasse avec un morceau de bambou enfiché dans le manche. Pour ce faire, manche en place, on trace l'emplacement de ce bois le long de l'avant de la calebasse et on retire légèrement le manche afin de le percer. Peau Attention, le bambou est fragile, il se fend facilement et ses fibres n'acceptent pas trop les mèches des perceuses. Commencer avec une petite mèche et agrandir doucement. Avec une calebasse peu épaisse, on peut aussi enfiler une petite plaque en plastique dans le manche. Plaque qui sera mise entre le bambou d'arrêt et le corps de la calebasse. Sur l'image, on voit aussi un bois d'arrêt sur l'arrière du manche, ce n'est pas obligatoire mais ceci facilite le placement des cordes. La principale tension va de toute façon s'effectuer de l'avant vers l'arrière. Si votre manche est courbé naturellement, il faudra diriger la courbe en direction des cordes.

Ensuite, il faut placer les quatre tiges en bambou à travers la peau. On peut commencer à faire un avant trou au couteau, tout en restant très mesuré dans sa force, la peau humide se déchire facilement. Les images sont parlantes et des écarts de quelques centimètres entre les barres en bambou n'auront pas de conséquences sur le montage. Tige bambouL'essentiel étant de réaliser, par le croisement de ces quatre bois, un carré au milieu de la peau. Cette opération va aussi contribuer à tendre encore plus la peau. C'est dans cet espace, entre les quatre bois, que sera posé le chevalet. Il sera retenu, sur l'arrière, par une cordelette, afin qu'il se maintienne droit lors de la tension des cordes. Une cordelette qui devra être ajustée à mesure de la tension des cordes. Cette fixation sera aussi très utiles au moment de la pose des cordes.

La pose des cordes en nylon sera sans doute la partie la plus difficile. Il y a deux nœuds à connaître absolument, le nœud de "Dozo" pour la fixation des cordes sur le manche et le nœud de "pêcheur" pour l'attache des cordes à l'arrière du n'goni. Sur l'image ci-contre, il s'agit d'un n'goni réalisé avec ce genre de nœuds. Télécharger tous les nœuds.Manche trad On commence généralement à placer la corde la plus haute, mais il faut progressivement tendre toutes les cordes, sans en priviléger une plus que les autres. On fixe les cordes à l'arrière de la calebasse, sur le manche qui dépasse, par l'intermédiaire de six cordelettes de drisse. L'accord final sera à l'appréciation de la personne qui va en jouer, sachant que rien n'est formel avec ce genre d'instrument. C'est votre oreille qui doit vous guider. On va quand même donner une indication pour un n'goni à six cordes, sachant qu'il existe beaucoup de façon d'accorder et que cet accord varie suivant le nombre de cordes et les choix du musicien. L'écart entre les cordes est le suivant, en partant de la plus aigüe, pour la main droite : "Ré Do La" et pour la main gauche "Sol Mi Ré". Quand à l'octave, vous allez la trouver vous-même avec la tension des cordes. Si la calebasse est de gros volume et le manche long, vous pouvez faire un "n'goni basse". Au contraire, avec une petite calebasse et un manche court, vous pouvez monter l'accord, tout en respectant l'écart des notes proposé plus haut. Tout au long de cette description, il n'a pas été précisé qu'il existe des n'gonis de gaucher. Il faut percer le trou du son à gauche de la calebasse et inverser l'ordre des cordes. En Afrique, les gauchers qui doivent jouer sur un n'goni de droitier le prennent à l'envers, le bout du manche contre leur corps !

Sur cette image, voici un modèle de chevalet, construit à l'origine pour un projet de n'goni à 18 cordes ! Ce projet n'a pas vu le jour; à ce stade, j'ai préféré construire une kora, bien que le son ne soit pas du tout le même.Chevalet en bois Pour le vôtre, il faudra percer six trous, trois de chaque côté, plutôt répartis vers le haut du chevalet. Les trous sont effectués à la perceuse et une mèche de 2 à 3 mm environ. On peut aussi faire des petites encoches sur le côté du chevalet, afin d'y glisser les cordes. Le trou central servira à attacher la cordelette de maintient, au moment de la tension des cordes. La qualité du bois n'a que peu d'importance à ce stade, nous ne sommes pas chez Stradivarius... Sur les koras et le n'gonis plus élaborés, on installe une petite plaque entre le chevalet et la peau. Cette plaque permet de mieux transmettre les vibrations et de protéger la peau de la pression du chevalet.

Dans le bandeau du haut, on peut voire quatre n'gonis construits par l'auteur. Ces modèles sont plus perfectionnés que celui dont la construction vient d'être décrite. Nœud-DozoL'un d'eux a 8 cordes et ils ont tous des mécaniques de guitare. C'est le son de l'un de ces n'gonis que vous pouvez entendre dans le titre N'goni, sur musiquenvrac. Le n'goni de la seconde image du bandeau de cette page a été construit en Afrique, avec les moyens du bord, c'est à dire dans les mêmes conditions de la description ci-dessus. Les cordes sont bien reliées au manche avec le nœud de Dozo, le manche est en bambou et la peau, de récupération, est tout juste de la taille suffisante; il s'agit d'une chute de peau de jembé. La calebasse a été trouvée sur place, ce qui ne manque pas en Afrique... Afin de distinguer des détails de construction, voici des images de n'gonis en grande résolution.

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